mercredi 26 décembre 2007

Noël, Noël... c'est pour toi que je chante

J’ai un problème avec Noël. J’ai l’impression que Noël est une fête pour la terre entière. Pourtant, c’est pour moi la pire des corvées.
Personnellement d’abord, parce que je n’ai plus beaucoup de famille, alors Noël ne peut pas être pour moi une fête de famille. Dans mon champ lexical personnel, Il y a un hiatus entre « fête » et « famille ». Il me reste bien ma belle-famille… mais elle est… comment dire… un peu spéciale… Alors chaque année, l’amour de ma vie et moi, nous nous débrouillons pour partir le plus loin possible de « sa » famille, de préférence dans un pays sans tradition catholique. Nous arrivons ainsi à éviter à peu près tout se qui ressemble de près ou de loin à une crèche, un sapin ou à une vitrine enneigée.

Il y a deux ans, nos amis Marie-Pierre et Pundrique se sont mariés à Jaipur : après un mariage catho' bon ton à Bourges deux ans plus tôt), quelque chose de bien français… dans la pure tradition… Marie-Pierre et Pundrique ont célébré leur mariage « à l’indienne » à Jaipur, d’où Pundrique est originaire.
Comme Marie-Pierre et sa Maman sont enseignants, comme la plupart des plus proches amis de Marie-Pierre sortent comme elle de la promo 1994 de Normale Sup’ (comme l’amour de ma vie…) il était évident que Marie-Pierre et Pundrique allaient se marier pendant les vacances scolaires.
Le mariage était célébré sur deux jours : les 24 et 25 décembre. Cette année là, on avait un prétexte en or pour ne pas passer Noël avec mes beaux-parents…

L’hiver dernier, j’avais convaincu le sus-dit amour de ma vie (malade en voyage, phobique de l’avion, et qui déteste se poser sur une plage) de passer les vacances de Noël à Zanzibar. 4 ans que je lui parlais de la destination, je mourais d’envie de la lui faire découvrir. Nous avons voyagé dans la nuit du 23 au 24 décembre. Dans les 24 heures qui avaient suivi notre arrivée, nous avions dîné de langoustes, brunché au champagne, nous nous étions fait masser et avions plongé dans l’Océan Indien. La suite du voyage était à l‘avenant…

Si j’avais réussi à planifier ce voyage dés le mois de juin, c’est parce qu’en juin justement, une famille de six personnes m’avait acheté un séjour à Zanzibar pour les vacances de Noël. Je les avais tellement conseillés dans le choix des hôtels que ces clients n’avaient jamais voulu accepter mes contre-propositions. A la réservation de l’un de mes préférés, la manager m'avait répondu « n’espère plus trouver de disponibilité entre le 18 décembre et le 7 janvier pour des familles. Pour cette période, il ne nous reste qu’une seule chambre pour 3 nuits, du 29 décembre au 1er janvier ». Dés réception de l’e-mail, j’avais réservé cette précieuse chambre… pour nous… et j’avais jonglé pour trouver des chambres pour le reste du voyage.
La famille de six personnes était restée passer Noël à Valenciennes… et m’a rappelé en avril 2007… pour réserver la semaine de Noël de cette année… là, j’ai à peu près réussi à leur trouver des chambres…

Tout l’automne (et jusqu’au 15 décembre), chaque jour, nous recevons les mêmes appels : « réserver des voyages pour des familles du 22 décembre au 4 janvier » (à quelques variantes près). En avril, on y arrive ; en juin, les clients qui acceptent de réserver ce qui reste partent en vacances. En septembre, les clients prêts à casser leur tirelire payent des suppléments aériens délirants pour avoir le privilège de voyager en même temps que tout le monde, dans des hôtels bondés qui facturent 50% de plus que ce qu’ils réclament pour un séjour identique deux semaines plus tôt.

En novembre, je me heurte à la frustration (voire l’énervement) des familles pour qui je refuse de faire des recherches inutiles. Ceux que je préfère, c’est les clients qui insistent et qui proposent des solutions magiques. Florilège : « programmer des vols supplémentaires » (bien sûr, on ferait voler des avions 8 semaines dans l’année, à Noël et en août, on ferait des contrats de travail de 10 jours aux hôtesses et aux pilotes), « vous me prévenez si vous avez des annulations » (c’est certain : les familles qui ont prévu leur vacances depuis six mois vont annuler sur un coup de tête un mois avant le départ), « mais y a-t-il vraiment autant de monde qui part à Zanzibar ? » (assez pour remplir la quinzaine d’hôtels de confort de l’île) ou mieux, le très étonné « mais comment les gens font ils pour s’organiser aussi longtemps à l’avance ? » (ben… peut-être parce que cette année, exceptionnellement, Noël tombe le 25 décembre et que le Pape a fait une annonce)

Cette année, on a passé Noël avec un couple d’amis chez eux, à deux rues de la maison. Le premier de nous quatre qui disait « chapon, cadeau, petit Jésus ou messe de Minuit » avait un gage… pas de mariage traditionnel indien, pas de plage de l’océan Indien… rien que du Noël classique et bien français. Ce matin, le TGV qui me ramène à Paris est bondé, il a deux heures de retard parce que quelques excités ont saboté les voies entre Aix et Avignon. Ma voisine frontiste marmonne dans les poils de sa barbe que la SNCF est dirigée par des incapables et que la France part à vau l’eau… Les enfants coiffés d’un bonnet de Père Noël commencent à brailler qu’ils ont faim… j’ai allumé son ipod et j’ai écrit ce post : l’an prochain, je m’organiserai mieux et je fuirai la France… pour passer 15 jours dans un pays lointain, sans tradition chrétienne et surtout... sans français.

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